Édito n°52
Au bord du gouffre
Si l’on devait renseigner une fiche bilan, le motif de l’intervention serait simple : malaise généralisé. Pour une fois, nul besoin d’être médecin pour établir le diagnostic. Il suffit d’ouvrir les yeux. Les symptômes sont là. Usés par leur quotidien, les sapeurs-pompiers et les personnels des urgences reconduisent encore et encore leurs grèves. Les sirènes hurlent dans la nuit noire des urgences, mais le pouvoir exécutif semble immobile face à l’expression de cette souffrance.
Le torchon brûle, et par tous les bouts ! Pour éteindre le feu, il faudra désormais bien plus que les quelques mesurettes avancées jusque là par le gouvernement. Autant essayer de venir à bout de l’incendie de Notre-Dame de Paris avec un extincteur…
De leur côté, les associations agréées de sécurité civile (AASC) se considèrent comme la cinquième roue du carrosse. Pour la plupart réunies au sein du Conseil national de la protection civile (CNPC), elles entendent aujourd’hui prendre la parole (lire le billet d’humeur en page 5 et notre dossier des pages 28 à 36). Le constat est simple : le modèle économique qui permettait aux AASC de trouver un équilibre dans la diversité de leurs missions (formations, postes de secours, soutien à la population) est plus que dépassé. Le monopole jusqu’alors réservé à ces acteurs bénévoles sur les activités les plus rémunératrices (formations, DPS) s’effrite peu à peu. Dans le même temps, les contraintes réglementaires et le coût du matériel explosent, faisant pencher dangereusement la balance dans le rouge. L’équation est insoluble, les interlocuteurs inexistants. Du côté de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, le silence est éloquent !
A en croire les intéressés, le danger est actuellement « réel, immédiat et non contrôlable ». Devrons-nous donc assister à la disparition progressive d’une force pourtant essentielle à notre culture de sécurité civile ? Une force bénévole qui fait la fierté de ce modèle original, mais qui pourrait s’épuiser dans un avenir que les concernés identifient comme très proche…
Nicolas Lefebvre