Édito n°65
A quand une stratégie supra-ministérielle ?
Après des années de statu quo et parfois de léthargie, les innovations dans notre secteur semblent désormais se déployer, à marche forcée. Avec une constante : l’expérimentation s’érige en modèle. A en croire les porteurs des différents projets en cours, il s’agirait du remède miracle susceptible de convaincre toutes les parties et l’on aurait plutôt envie d’y croire. Entre autres annonces récentes du président de la République, l’alerte aux populations sera ainsi rapidement modernisée grâce notamment au cell broadcast. Le numéro unique, le 112, sera expérimenté pendant une période de deux ans dans certaines zones avec l’espoir que des retours d’expérience clairs puissent étayer la discussion.
Dans ce maelstrom d’innovations et d’expérimentations, il demeure néanmoins une constante : toutes se discutent, s’élaborent et se mettent en application, corporation par corporation. Ainsi, si l’Intérieur développe le programme NexSIS au profit des services d’incendie et de secours, la Santé met en place SI-SAMU… Si les « Blancs » expérimentent le Service d’accès aux soins pour désengorger les urgences, les « Rouges » soutiennent les résolutions de la loi Matras qui, entre autres mesures, remet au goût du jour les plateformes communes de réception des appels et révise les carences ambulancières. Loi Matras qui met vent debout les « Blancs » mais qui, selon les informations dont nous disposons lors du bouclage de cette édition, devrait être promulguée à la mi-novembre.
Ces expérimentations auront sans doute le mérite d’apporter des informations objectives sur l’efficacité des dispositifs proposés. Il n’en reste pas moins que, sans une stratégie portée par une institution de niveau supra-ministériel, ces sujets majeurs, pour l’émergence d’une organisation fluide et apaisée des services de secours et de soins d’urgence, demeureront l’apanage des corporations et donc des divisions.
Nicolas Lefebvre