Édito n°63
Après le pass sanitaire, le pass sauveteur ?
« Comment ? Tu ne payes pas le stationnement ? Et tu entres gratuitement dans les musées nationaux ?
— Mais parfaitement, je suis secouriste bénévole. C’est accessible à tous. Tu devrais essayer ! »
Si cette scène n’est aujourd’hui que le fruit d’un esprit perturbé par la crise sanitaire, il ne tient qu’à nous de la rendre réelle. Alors que le pass sanitaire semble devoir intégrer notre quotidien pour une durée indéterminée, profitons de l’évolution de nos us et coutumes pour lancer le pass sauveteur !
Quelle qu’en soit sa forme précise, cette idée de passeport pourrait sans doute être creusée dans le domaine des premiers secours et de l’engagement citoyen. Après avoir été reconnu par la loi, le « citoyen sauveteur » doit maintenant faire des émules.
Nous pourrions, par exemple, imaginer deux niveaux : un citoyen, l’autre professionnel. Ce sésame, au devenir précieux, ouvrirait dans sa première version l’accès à des postes stratégiques dans l’encadrement, la fonction publique ou encore la formation, aux seuls titulaires d’une formation aux premiers secours de base. Le deuxième niveau, automatiquement attribué par exemple aux secouristes bénévoles et aux sapeurs-pompiers volontaires, offrirait des avantages – réduction d’impôts, bonus de retraite, stationnement gratuit… – en remerciement des services rendus par ces activités altruistes. En effet, n’est-il pas temps d’envisager le recours à une forme de discrimination positive ? Deux effets sont à escompter : attirer davantage et valoriser officiellement ceux qui s’engagent au service de la société.
Au risque de recruter pour de mauvaises raisons, ces avantages ne pourraient naturellement qu’être minimes. Mais, leur existence suffirait, à elle seule, pour constituer un signe distinctif de nature à valoriser son porteur et à assurer une promotion naturelle du dispositif. Un symbole en outre susceptible de contribuer à la préservation du modèle de sécurité civile hexagonal.
Nicolas Lefebvre