Édito n°33
Mélange des genres
Les pieds bien ancrés au bord de l’eau, le teint hâlé et les lunettes de soleil vissées sur le nez… les hommes en bleu feraient presque partie du paysage.
Habitués à les voir, les estivants risquent cette année d’être quelque peu déconcertés par leur nouvel accoutre-ment. À la panoplie traditionnelle du sauveteur aquatique – palmes à la main et radio en bandoulière – s’ajoute désormais, pour une partie des CRS, une arme à feu.On peut s’interroger sur l’utilité de cet équipement supplémentaire dans ces circonstances. Si, même les pieds dans le sable, les CRS conservent leurs pouvoirs de police, leur mission consiste en principe à prévenir les risques liés aux activités de plage et à porter secours. Ne nageons-nous pas en plein mélange des genres ?
De plus, cette mesure s’inscrit dans un contexte de désengagement progressif de l’État, au « profit » des collectivités territoriales, de sorte qu’elle ne concernera qu’un tiers des effectifs, soit une centaine de fonctionnaires (656 CRS surveillaient encore les plages en 2010, contre 297 cette année). Chargées de réglementer et de sécuriser les zones de baignade (lire notre articleJuridique consacré à la bande des 300 mètres, page 36), les municipalités comblent cette carence en faisant appel aux associations agréées de sécurité civile et aux sapeurs-pompiers.
Reste le symbole. À ce sujet, les CRS eux-mêmes ne semblent pas tous convaincus.
Nicolas Lefebvre