Édito n°35
Dans l’œil du cyclone
Au Palais du Luxembourg, le dossier « secours à personne » est sur le dessus de la pile… Les sénateurs n’hésitent plus à évoquer jusque dans le titre de leur rapport paru le 12 octobre dernier « une réforme en souffrance ». Le pouvoir régalien pourrait donc bien reprendre la main sur un dossier trop longtemps laissé en déshérence et à la bonne interprétation des multiples corporations qui composent le secours en France, lesquels – dixit les rapporteurs – « ne coopèrent guère », sauf « dans les colloques ».
Il semble que tout puisse désormais être reconsidéré, y compris la sectorisation respective des SDIS, des Samu et des ambulanciers privés… Et les sénateurs de proposer la création d’une autorité rattachée au Premier ministre pour suivre l’application d’un éventuel nouveau référentiel. Autre pavé dans la mare : l’autorisation pour les sapeurs-pompiers d’intervenir à deux dans le cadre du transport sanitaire. Enfin, entre autres propositions susceptibles d’attiser la flamme, la mutualisation des moyens héliportés et la généralisation des plates-formes communes, mesures jugées indispensables à la fois pour des raisons budgétaires et pour des raisons d’efficacité.
Des propositions « décomplexées » donc, qui ne manqueront pas de raviver les tensions dans cet univers perclus de guerres intestines plus ou moins larvées. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, rappelons malgré tout qu’au-delà des corporatismes, ces arbitrages doivent surtout permettre d’optimiser la prise en charge des victimes ou des patients – selon le vocable que l’on préférera employer –, et ce de façon égalitaire sur l’ensemble du territoire.
Nicolas Lefebvre