Édito n°16
Déléguer le savoir médical
Là où des vies sont en jeu, le corporatisme n’a pas sa place. Médecin, infirmier, sapeur-pompier, ambulancier, sauveteur secouriste du travail, bénévole dans une association de secours, militaire spécialisé, en empruntant le chemin de l’urgence, tous poursuivent un seul et unique but : atténuer la souffrance, sauver des vies ! Bien sûr, les savoirs dépendent du cursus de chacun. Ces savoirs déterminent nécessairement la latitude d’action, mais pas seulement ! Le contexte d’intervention est également une donnée essentielle pour la définition de cette latitude. Dans un théâtre de guerre, les militaires formés au « sauvetage de combat de niveau 2 » sont par exemple habilités à poser une perfusion intraveineuse et à réaliser des sutures à visée hémostatique. « Sauve qui sait », la devise du Centre d’instruction santé de l’armée de terre (CISAT) est pragmatique. Elle illustre bien la nécessité – dans l’urgence et en l’absence de médecin – de déléguer le savoir médical.
Mesure de la glycémie, injection d’adrénaline, les scientifiques (lire page 5) affirment, preuves à l’appui et avec conviction, la nécessité d’instaurer des protocoles pour inclure ces gestes simples et salvateurs dans les référentiels secouristes. Malheureusement, l’emploi immédiat de thérapies indispensables au salut de la victime se heurte parfois à des réticences d’ordre corporatiste. Des considérations incompatibles avec les valeurs humanistes qui devraient nous guider.
Nicolas Lefebvre