Édito n°57
Se préparer sérieusement
Après deux mois de confinement strict, les activités sociales et économiques reprennent tambour battant. Les gestes barrières sont érigés en sacro-sainte mesure de protection contre la contamination au SARS-CoV-2. En théorie, tout du moins… Car l’attention portée à ces gestes simples et nécessaires, attisée par la peur de tomber malade au plus fort de la crise sanitaire, s’effrite à mesure que le risque semble s’éloigner de l’Hexagone.
Le calme plat aux urgences aura été de courte durée. Avec l’absence de soins pendant le confinement et la reprise des activités, la charge qui pèse sur elles égale voire dépasse celle de l’avant crise Covid-19 (lire notre Immersion aux urgences de Vannes, pages 26 à 34). Or, après avoir livré une bataille longue, difficile et angoissante, les soignants sont épuisés, physiquement bien sûr, mais moralement surtout. La pilule de l’héroïsation a du mal à passer et les promesses ne sont plus ni crédibles, ni audibles…
De leur côté, les associations agréées de sécurité civile, fortement sollicitées pendant la crise et dépourvues de toute rentrée d’argent, se trouvent dans une situation inextricable.
Alors que le SARS-CoV-2 se propage rapidement dans de nombreux pays et fait des ravages, il plane de sérieux doutes sur la capacité du système à faire face à une éventuelle seconde vague. Sauf à user d’une boule de cristal, nul ne peut prédire si elle déferlera de nouveau sur l’Europe, ni quand.
Que la vague arrive ou non, la doctrine de prévention ne doit pas changer. Qu’il s’agisse du SARS-CoV-2 ou d’un autre virus, il convient de se préparer, sérieusement cette fois ! Il faut reconstituer les stocks d’EPI, donner des moyens conséquents à ce service public dont on oublie trop vite qu’il peut être notre dernier rempart contre la mort, revaloriser ces professions trop longtemps oubliées qui servent l’intérêt commun et octroyer des rémunérations dignes.
Se préparer, c’est aussi analyser la première vague, en tirer tous les enseignements possibles. Avec la publication de notre hors-série spécial RETEX Covid-19, que nous mettons à disposition de tous, professionnels et grand public via une diffusion en kiosque, nous entendons apporter notre modeste pierre à l’édifice du savoir.
Nicolas Lefebvre