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Édito n°54

DAE : l’heure de la démultiplication raisonnée

Il y a un an, dans ces mêmes colonnes, nous annoncions la mise en place de la base de données nationale unifiée des défibrillateurs automatisés externes (DAE). Une décision salvatrice et ô combien attendue par la communauté de l’urgence depuis des années. La démultiplication des bases de données indépendantes, parfois élaborées à des fins mercantiles, ne permettait pas aux services d’urgence d’orienter correctement les requérants, ou de façon parcellaire, mettant de facto le principe d’égalité sur le territoire de côté. 

Nous avons longtemps craint que cette base ne tombe dans l’escarcelle d’entités financièrement intéressées. Compte tenu de l’importance stratégique de cette base, le ministère de la Santé a – fort heureusement – décidé de conserver la main sur ce dossier (lire notre Entretien, pages 24-25).

Il convient de rendre hommage à ces personnalités qui se battent depuis des années pour rendre possibles ces évolutions nécessaires à notre société, sans y rechercher aucun intérêt personnel. S’il aurait été plus que logique de prévoir ce recensement dès l’origine, lors de l’installation des premiers défibrillateurs, sans la persévérance du dirigeant d’Arlod, le Dr Bruno Thomas-Lamotte, nous n’en serions assurément pas à ce stade.

Ce recensement s’assortit désormais d’une démultiplication des obligations d’installation et de déclaration dans les établissements recevant du public (ERP) (lire notre Dossier pages 26 à 34). Une véritable manne pour l’industrie de la défibrillation. Cette évolution réglementaire n’est d’ailleurs pas sans poser question aux collectivités qui devront supporter une partie importante de l’investissement. Etape suivante : les grands ensembles d’habitation, aujourd’hui dépourvus de tels dispositifs ?

Cette démultiplication, naturellement utile pour augmenter les chances de survie en cas d’arrêt cardiaque, pose néanmoins deux questions. Celle de la maintenance des appareils dont une partie est déjà hors d’usage… Et celle de la formation de la population aux gestes de secours. On le sait, un défibrillateur sans massage cardiaque associé ne sert à rien. Ne serait-il d’ailleurs pas temps de mener une grande campagne pour connaître le niveau réel de pénétration des connaissances en matière de gestes qui sauvent dans la population ? Le Dr Jean-Marc Philippe présentera en personne les tenants et les aboutissants de ces mesures lors d’une conférence au salon Secours Expo (programme à découvrir dans ce numéro, pages 14 à 21) où toute l’équipe de Secours Mag vous donne rendez-vous du 19 au 21 mars prochain à Paris Porte de Versailles.

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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