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Édito n°48

Ubériser le sauvetage, centraliser les données

Entre le foie gras et les huitres, il est un autre met savoureux que notre  univers ne  devait  pas manquer  pendant  les  fêtes  :  le  décret  2018-1259 relatif   à   la   base   de   données   nationale   des défibrillateurs automatisés externes (DAE).

Le ministère  de la Santé se décide ainsi à créer une base  de  données  centralisée,  qu’elle  gérera  elle-même ! Simultanément paraissait le décret 2018-1186 confirmant l’entrée en vigueur de l’obligation d’équipement en DAE des établissements recevant du public (ERP) progressivement de 2020 à  2022.

Après moult montées au créneau des associations spécialisées, les pouvoirs publics reprennent donc enfin les rênes de la défibrillation. Mieux  vaut  tard  que  jamais…  Rappelons  tout  de  même  que  la libéralisation de l’usage d’un DAE  par tout un chacun –  et donc  le début de la  politique d’implantation à destination du grand   public – remonte, en France, à 2007…

Deux  épineuses  questions  demeurent  néanmoins  sur  la  table. La première est naturellement celle du bon fonctionnement des DAE et donc de la qualité de la maintenance à mettre en place. Nul ne semble  aujourd’hui  en  capacité  d’évaluer  avec  certitude  le  taux d’appareils hors d’usage, mais il pourrait être dramatiquement élevé. La seconde porte sur l’utilisation concrète de ces dispositifs médicaux. Si l’information et la formation massives du grand public constituent le socle de la  réponse, le développement   des « applis  qui  sauvent » est complémentaire (lire notre dossier pages 24 à 32). La possibilité désormais offerte par la généralisation des smartphones de mobiliser sans délai le sauveteur le plus proche lors d’un arrêt cardio-respiratoire est en effet extraordinaire. Et, les centres de traitement  de l’alerte y ont de plus en plus recours.

Mais l’histoire se répète… A défaut d’organisation centralisée, les applications se démultiplient et les services d’alerte sont libres de s’appuyer sur ces nouveaux outils… ou non ! De fait, l’inégalité de traitement entre les territoires grandit. Si l’ubérisation du sauvetage est une absolue nécessité, la centralisation des données relève du bon sens.

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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