Édito n°45
Secours en montagne : un imbroglio représentatif
Le secours en montagne attire par son cadre idyllique et sa technicité. Les traditionnelles caravanes à pied se font plus rares. L’immense majorité des opérations se déroulent désormais en hélicoptère !
A l’occasion des 60 ans du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM), qui nous a largement ouvert ses portes pour la réalisation de ce numéro, nous sommes loin de dresser un tableau noir de la situation globale du secours en montagne. Le savoir-faire est reconnu, les institutions d’élite réputées y compris au-delà de nos frontières, les moyens humains et technologiques considérables, l’engagement des hommes et des femmes exceptionnel.
Mais, le secours en montagne est une parfaite illustration de l’organisation des services de secours et de soins d’urgence français. Comme en plaine ou en mer, un processus historique spécifique a conduit à l’émergence de diverses institutions spécialisées : en l’occurrence PGHM, CRS et GMSP. Avec l’addition des institutions, un véritable imbroglio corporatiste et politique s’est développé, chacun réclamant sa part du gâteau. Ce gâteau a toutefois un goût amer lorsque la querelle de clocher finit, dans certaines circonstances, par nuire à la qualité de la prise en charge sur le terrain.
Si, depuis la circulaire Kihl (2011), la situation semble s’être globalement standardisée, il n’en reste pas moins que l’organisation actuelle résulte d’un partage au couteau. Ainsi, chaque département ou localité dispose encore de son numéro d’alerte à dix chiffres, de son planning d’intervention, de son hélicoptère…
La situation ubuesque du secours en montagne pose une fois de plus l’épineuse question de la gouvernance du secours et des soins d’urgence en France. D’une succession de compromis ne peut pas accoucher un système efficace. Et ce n’est pas valable que pour le secours en montagne…
Nicolas Lefebvre