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Édito n°45

Secours en montagne : un imbroglio représentatif

Le secours en montagne attire par son cadre idyllique  et  sa  technicité.  Les  traditionnelles caravanes  à  pied  se  font  plus  rares.  L’immense majorité des opérations se déroulent désormais en hélicoptère ! 

A l’occasion des 60 ans du Peloton de gendarmerie de haute  montagne  (PGHM),  qui  nous  a  largement ouvert ses portes pour la réalisation de ce numéro, nous sommes loin de dresser un tableau noir de la situation globale du secours en montagne. Le savoir-faire est reconnu, les institutions d’élite réputées y compris au-delà de nos frontières, les moyens humains et technologiques considérables, l’engagement des hommes et des femmes exceptionnel.

Mais, le secours en montagne est une parfaite illustration de l’organisation des services de secours et de soins d’urgence français. Comme en plaine ou en mer, un processus historique spécifique a conduit à l’émergence de diverses institutions spécialisées : en l’occurrence PGHM, CRS et GMSP. Avec l’addition des institutions, un véritable imbroglio corporatiste et politique s’est développé, chacun réclamant sa part du gâteau. Ce gâteau a toutefois un goût amer lorsque la querelle de clocher finit, dans certaines circonstances, par nuire à la qualité de la prise en charge sur le terrain. 

Si,  depuis  la  circulaire  Kihl  (2011),  la  situation  semble  s’être globalement standardisée, il n’en reste pas moins que l’organisation actuelle résulte d’un partage au couteau. Ainsi, chaque département ou localité dispose encore de son numéro d’alerte à dix chiffres, de son planning d’intervention, de son hélicoptère…

La situation ubuesque du secours en montagne pose une fois de plus l’épineuse  question  de  la  gouvernance  du  secours  et  des  soins d’urgence en France. D’une succession de compromis ne peut pas accoucher un système efficace. Et ce n’est pas valable que pour le secours en montagne…

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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