Édito n°41
Dans l’œil des réformes
A toute chose malheur est bon… L’expression peut paraître désuète, mais elle remplit parfaitement son office dans la période actuelle.
Les catastrophes n’ont en effet jamais été aussi nombreuses et violentes, à l’image de l’ouragan Irma qui a littéralement dévasté les îles françaises de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy le 6 septembre dernier (lire notre dossier spécial de 32 pages dans ce numéro). Les images de désolation provoquées par ces « supercyclones » resteront longtemps gravées dans nos mémoires. A contrario, la solidarité des habitants et la mobilisation unie de l’ensemble des forces de sécurité civile et de santé ont également revêtu un caractère historique, d’ailleurs revendiqué par les plus hautes autorités de l’Etat. Simple effet rhétorique ou réalité, Emmanuel Macron souligne ainsi au plus fort de la crise l’existence de « l’un des plus grands ponts aériens mis en place depuis la Seconde Guerre mondiale ».
Pourtant, cet épisode, remarquable par sa violence, n’a provoqué que très peu de victimes comparativement aux pertes humaines dénombrées lors du séisme de Mexico survenu le 19 septembre… Il n’est bien sûr pas question d’établir une échelle de Richter du malheur, mais l’analyse des risques naturels et de leur prévention ne saurait se restreindre aux frontières d’un pays, fussent-elles situées à 7 000 kilomètres !
A ce titre, en reprenant l’objectif de la création d’une potentielle force de sécurité civile européenne – l’idée n’est pas neuve… – le président de la République s’inscrit clairement dans cette perspective internationale. Plus largement, les nombreuses annonces formulées le 6 octobre par Emmanuel Macron lui-même, puis déclinées par son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, le 14 octobre (lire page 8), donnent de l’espoir.
Ces catastrophes naturelles, ajoutées au contexte d’attentats perpétrés ces dernières années partout en Europe, braquent, de fait, les projecteurs médiatiques et politiques sur les questions de premiers secours et de résilience. Une opportunité évidente pour promouvoir une véritable culture de la prévention des risques et du secours. Reste à savoir si le vent des réformes soufflera suffisamment longtemps et suffisamment fort pour parvenir à cet objectif ultime et si notre communauté saura porter d’une même voix la nécessité impérative de ce changement…
Nicolas Lefebvre