Édito n°32
Engrenage
Avis de tempête. La vague libérale semble donc vouloir tout emporter. Après l’hôpital public où les personnels des services d’urgence souffrent tout autant que les malades qui s’y présentent ; après les transports où l’on ferme les unes après les autres des dessertes jugées non rentables, préférant faire la part belle à l’autocar plus polluant et plus accidentogène que le rail ;après l’école, où l’on ne compte plus les contractuels qui remplacent sans formation adéquate des professeurs épuisés par des classes trop nombreuses… voici que les secours pourraient bien entrer dans l’œil du cyclone.
La récente décision du SDIS du Calvados de facturer un certain nombre d’interventions, comme les relevages à domicile sans transport, dénote d’un état d’esprit général (lire notre Pour ou contre page 8).
Il n’est bien entendu pas question de nier l’évidence : la sollicitation exponentielle des services de secours et des soins d’urgence crée une situation inextricable, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une baisse des moyens alloués à cette activité, dégradant ainsi inévitablement les conditions d’exercice et la qualité du service rendu.
Néanmoins, le secours est un droit fondamental. Il existe d’autres moyens de limiter les interventions, à commencer par l’information et l’éducation des populations.Faudra-t-il donc demain vérifier la solvabilité des victimes avant d’intervenir ? Les auteurs de cette entorse invoqueront sans doute l’impérieuse nécessité de responsabiliser les citoyens. Mais nous faisons face à un choix de société. Pour l’heure, nous mettons le pied dans l’engrenage. Un engrenage qui, au regard de ce qui se déroule dans les autres secteurs, n’augure rien de bon pour l’avenir.
Nicolas Lefebvre