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Édito n°72

Du roulis dans la sécurité

« La meilleure façon d’éviter un risque, c’est encore de ne pas s’y frotter. » Pragmatiques, expérimentés et un brin aventuriers… les marins de la Route du Rhum, dont vous pourrez lire les témoignages dans ce numéro spécial, sont parfaitement conscients des dangers. Mais ne vous fiez pas aux apparences, conscience ne  rime pas nécessairement avec prudence… La compétition rendant, de fait, ces deux concepts incompatibles.

Un postulat qui soulève naturellement un flot de questions éthiques du point de vue du secours. La principale – comme pour d’autres environnements extrêmes – porte sur la mise en danger éventuelle des sauveteurs contraints de porter secours à des sportifs qui se mettent sciemment en péril. 

Une particularité cependant. Les sauveteurs en mer disposent d’une compétence en commun avec leurs potentielles victimes : tous sont des marins aguerris. Et, la mer, ils la pratiquent avec passion, y compris dans des conditions difficiles. Mais il y a deux écoles : « celle de la vitesse et celle de la sécurité ». Et il est un précepte absolu en mer auquel nul ne devrait jamais déroger : il faut toujours, toujours, assurer une veille visuelle et auditive du plan d’eau. Filant parfois à plus de 40 nœuds, les marins de ces courses en solitaire, certes surentrainés et rompus aux micro-siestes, doivent tout de même fermer les yeux au cours de leur éprouvante traversée de l’Atlantique.

Au fil des années, les standards de formation, de préparation et de suivi des skippers se sont nettement améliorés. Une véritable lame de fond selon certains. Mais, vous pourrez vous en convaincre à la lecture de ce numéro, les trous dans le filet de la sécurité demeurent encore nombreux.

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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