Édito n°70
Un brasier devenu perpétuel
Au risque d’enfoncer une porte ouverte, affirmons-le haut et fort : notre planète brûle ! Et les professionnels de l’urgence avec… Pour n’évoquer que l’Hexagone, les incendies n’ont jamais été aussi nombreux, y compris dans des zones habituellement plutôt épargnées comme la Bretagne. Au total, tout de même plus de 62 000 hectares sont partis en fumée en un seul été.
L’Insee estime à 11 000 le nombre de décès supplémentaires en France directement imputables à la chaleur (une comparaison réalisée avec 2019, la dernière année hors Covid).
A coup de mesurettes – mise en place de tentes de triage à l’entrée des hôpitaux, mobilisation des étudiants en médecine… – on tente d’appliquer des pansements sur une hémorragie. Sauf que, un pansement sur « un saignement abondant qui ne s’arrête pas spontanément », hé bien… ça ne suffit pas !
Il n’y a d’ailleurs pas que les corps qui ont souffert et qui ont eu chaud cet été. Les esprits aussi s’échauffent. Dans une interview accordée à nos confrères du Monde, le Pr Tazarourte, président de la Société française de médecine d’urgence, rapporte qu’une déclaration de violence est désormais éditée tous les trois jours dans son hôpital lyonnais. L’attente étant un des déclencheurs…
Bien sûr, des groupes de travail sont mis en place. On commande des rapports. On aimerait parfois se dire qu’il s’agit d’un gigantesque exercice grandeur nature. Un exercice précisément mis sur pied pour tester la capacité de résilience de nos populations dans pareilles situations. Mais non, il faut bien se rendre à l’évidence. Ce qui se joue sous nos yeux n’est que la triste réalité.
Agir n’est plus une option ou une ambition, c’est une nécessité impérieuse. D’une part, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. D’autre part, pour donner les moyens aux professionnels de l’urgence de travailler dans des conditions dignes et humaines pour eux comme pour leurs patients et victimes.
Nul besoin d’être un devin ou un expert en plateau T V pour l’affirmer. Si rien n’est fait, l’été sera bientôt loin derrière nous, mais le brasier toujours aussi incandescent.
Nicolas Lefebvre